De nos jours, il existe des tonnes de supports de coco différents sur le marché provenant de divers fabricants, et le nombre ne fait qu’augmenter. Évidemment, ils revendiquent tous la qualité, mais qu’est-ce qu’un support de coco de qualité en réalité?
Tout d’abord, n’importe quel support utilisé pour le jardinage en pot ou en jardin doit être constant, lot sur lot, et ce, année après année. Le produit ne doit contenir aucune graine de mauvaises herbes et aucun agent pathogène qui pourraient empêcher le jardinier d’obtenir les meilleurs résultats possible. De plus, les structures chimique et physique doivent être stables. La fibre de coco ne diffère en rien des autres supports à cet égard, la question est plutôt par rapport au processus employé pour arriver à un produit de qualité.
Chaque support possède ses propres caractéristiques et qualités, lesquelles doivent être prises en considération lors de l’utilisation. Par exemple, la tourbe présente un pH naturellement faible qui inhibe la plupart des activités pathogènes, et ce, jusqu’à ce que la tourbe soit chaulée. Dès que son pH est augmenté, tout organisme vivant dans la tourbe, tel que les spores fongiques, peut amorcer sa croissance. L’on retrouve généralement des agents pathogènes et des graines de mauvaises herbes dans les sols minéraux tels que le sable, l’argile ou l’humus. Ils doivent donc être stérilisés avant l’utilisation, soit de façon chimique (jamais une très bonne solution), soit de façon thermique (une solution plus simple et souhaitable).
D’autres produits comme la fibre de coco ou les balles de riz (produits dérivés d’autres industries) doivent d’abord être décomposés avant que l’on puisse les utiliser comme support de croissance (ils doivent répondre aux exigences de base d’un support de culture et offrir une rétention d’eau, un environnement adapté pour la zone racinaire et un soutien pour la plante). Donc, en gardant tous ces besoins différents en tête, comment parvient-on à obtenir une fibre de coco de qualité? Eh bien, dès que la noix tombe du cocotier.
Marques de référence
Les marques de référence visant à déterminer la qualité de la fibre de coco sont:
- la structure physique
- la stabilité chimique
- l’absence de graines de mauvaises herbes et d’agents pathogènes
- la constance
À la base, la fibre de coco offerte sur le marché consiste en un mélange de trois éléments principaux que l’on différencie par leur taille, soit des flocons, des fibres et des grains (aussi de la poussière et de la tourbe de coco). La taille de chaque particule et leurs fonctions déterminent le type de structure qu’adoptera le support. La structure signifie la taille des particules ainsi que la quantité et la grandeur des pores créés à même le mélange.
Il existe une structure idéale qui offre la meilleure croissance pour chaque type de plantes. Lorsqu’il y a une grande quantité de petits agrégats (morceaux ou particules), on obtient beaucoup de petits pores, donc le sol retient une grande quantité d’eau, mais peu d’air. À l’opposé, lorsque les pores sont plus gros, on se retrouve en présence de beaucoup d’air, mais la rétention d’eau est faible. Les grains de coco sont semblables à une petite éponge qui retient beaucoup d’eau, mais pas d’air. En utilisant diverses tailles de grains, on parvient à obtenir des pores plus gros entre chaque particule de grain. L’ajout de fibre peut aussi créer le même effet.
Tout ce qui est organique finit par se décomposer et la coque de noix de coco ne fait pas exception à la règle. On retire les grosses fibres épaisses de la coque de noix de coco, élément à la source du support de coco, après l’avoir fait tremper dans l’eau durant une longue période. Après, il ne reste que les plus petites fibres défaites et une grande quantité de grains ou de poussière. On doit ensuite laisser le matériel se décomposer pendant un certain temps avant qu’il puisse être utilisable.
Les cocotiers sont capables d’absorber de l’eau extrêmement salée. Pour ce faire, la concentration de sel à l’intérieur du cocotier doit être plus élevée que la concentration dans l’eau salée, de cette façon, les cellules végétales assimileront l’eau par osmose. Cependant, une trop grande concentration de sel à l’intérieur des cellules les tuerait. Pour y remédier, le cocotier concentre les sels dans les espaces entre les cellules. Alors que la matière végétale se décompose, les sels sont relâchés. Le relâchement de sels est plus élevé lorsque le matériel est plus frais, et il ralentit avec la décomposition. Cependant, on ne peut pas laisser la décomposition atteindre un niveau trop avancé, car, comme les particules rapetissent, elles peuvent devenir trop petites pour être utilisables.
Donc, le matériel de coco doit être vieilli à point pour ensuite être rincé avec de l’eau fraîche afin d’éliminer les niveaux très élevés de sels. Le potassium est l’un des sels les plus relâchés, il doit être réglé à l’aide d’un composant qui équilibrera la concentration de potassium par rapport aux autres éléments, comme le calcium. Ceci permet de rendre les autres éléments disponibles pour la plante.
Tamponnage
Afin de stabiliser de façon permanente la chimie du support et son pH, on doit ajouter un composant de réglage (que l’on nomme agent tampon) avant l’utilisation. Si la fibre de coco est mélangée avec de la tourbe ou de la terre, on peut procéder à cette étape lors de l’application de la première dose d’engrais dans le support avant d’insérer les plantes, ceci permet de régler les proportions de nutriments.
Si la fibre de coco est utilisée dans sa forme pure, il est préférable de procéder au tamponnage avant d’insérer les plantes dans la fibre de coco. Les nutriments utilisés pour la culture agricole ont une formule ou une concentration unique qui est adaptée aux propriétés chimiques de la fibre de coco utilisée. Ainsi, le support de coco aura la quantité optimale de nutriments. L’horticulteur doit aussi veiller à ce qu’il y ait un léger drainage (au moins 20 %) lors de l’irrigation et doit toujours arroser à l’aide de la formule nutritive (nutrition constante). Ceci établira les bonnes conditions de croissance, et ce, tant que le support n’est pas envahi par les mauvaises herbes.
Une mauvaise herbe par définition consiste en n’importe quelle plante qui pousse là où elle n’est pas souhaitée. Les mauvaises herbes ajoutent une variable indésirable à l’équation de croissance. Les mauvaises herbes consomment les nutriments, offrent un endroit où les agents pathogènes et les insectes peuvent se loger et volent la lumière et l’eau destinées aux plantes cultivées. Les supports de coco propres (ou n’importe quel support) ne devraient jamais être une source pouvant abriter différentes espèces de plantes ou agents pathogènes.
Lorsque la fibre de coco est empilée en un tas qu’on laisse pourrir pendant une certaine période pour ensuite l’empaqueter, les risques d’apparition de mauvaises herbes et d’agents pathogènes sont très élevés. Le gaz n’ayant aucun effet sur les spores fongiques et la chaleur, à elle seule, ne comportant pas un choix envisageable d’un point de vue économique, il n’y a que deux façons efficaces d’obtenir une fibre de coco propre.
- La première méthode consiste à stériliser la fibre avant de l’emballer.
- La deuxième méthode consiste à veiller à ce que le produit en décomposition ne soit jamais exposé à de telles situations indésirables et demeure sans pathogène dès le départ.
La stérilisation à la vapeur est la méthode la moins dispendieuse, mais ce n’est pas la meilleure méthode pour la fibre de coco.
Stérilisation à la vapeur
Plusieurs choses se produisent lorsque l’on stérilise la fibre de coco à la vapeur. La structure de la fibre de coco change, ses fibres se raccourcissent ce qui augmente sa capacité de rétention d’eau, bref, il s’agit d’une méthode peu souhaitable. Les particules de coco étant plus petites et plus souples, le nombre de grands espaces poreux est diminué, même si on y ajoute un élément séparé, comme la perlite. Le phénomène est comparable à des pâtes alimentaires, lorsqu’elles sont sèches, les pâtes gardent leur forme et un espace est créé entre chacune d’elles. Une fois "cuite à la vapeur" ou dans l’eau, elle se colle les unes aux autres, et ce, même si on essaie de les séparer à l’aide d’une fourchette. Il n’y a donc pratiquement plus d’espace disponible pour l’air.
Cependant, les particules ne sont pas les seuls éléments endommagés par le "processus de cuisson". Tous les nitrates (NO3-) existants et disponibles pour la plante sont convertis en nitrites (NO2-) toxiques pour la plante. Les nitrites peuvent également se déplacer à l’intérieur de la plante et être consommés. Les nitrites sont reconnus comme étant cancérigènes et peuvent provoquer des maladies chez les animaux telles que la modification de la chimie sanguine qui rend le transport d’oxygène impossible. La vapeur se répercute également sur la disponibilité de plusieurs oligoéléments, particulièrement le manganèse qui parfois devient disponible pour la plante à un taux pouvant être toxique. La stérilisation à la vapeur, la chaleur sèche, la fumigation ou les bouillies chimiques (qui laissent aussi des résidus chimiques) ont tous le même effet néfaste: ils nettoient entièrement le support.
Un nettoyage complet perturbe l’équilibre écologique du support en décomposition. Un support sain détient les bonnes concentrations de vie microscopique afin de décomposer correctement les matières organiques tout en ne dérangeant pas les nutriments administrés à la plante. Lorsque toute vie microscopique disparaît, les agents de décomposition prennent le dessus, dépouillant le support de tous ses nutriments et entrant en compétition avec les plantes pour obtenir les nutriments disponibles.
Il est primordial de maintenir un équilibre pour que le support et les plantes demeurent en santé. Déverser un mélange hétérogène d’organismes "bénéfiques" dans le support ne fonctionne tout simplement pas. Un premier organisme commence à décomposer petit à petit les matières organiques fraîches pour ensuite excréter le substrat pour le prochain organisme, ceci se poursuit jusqu’à ce que les composants organiques soient entièrement modifiés.
À moins que le premier organisme fournisse une source nutritive pour le deuxième organisme, le deuxième organisme mourra de faim. Les agents de décomposition généraux utilisent la majorité du bassin nutritif présent dans le support.
Évidemment, les plantes puisent leurs nutriments à même ces bassins, mais elles les absorbent beaucoup plus lentement. Les agents de décomposition épuisent donc tous les nutriments avant même que la plante en ait la chance. La meilleure approche demeure donc de contrôler la culture dès le début et d’empêcher que de tels problèmes surviennent. Il est préférable d’éviter d’utiliser un support de coco stérilisé à la vapeur.
Finalement, la constance est cruciale pour tout horticulteur. Celle-ci garantit à l’horticulteur qu’aucune surprise ne surviendra lorsqu’il entamera une nouvelle culture. Tous les sacs de coco devraient être identiques aux autres sacs, en tout temps, que vous l’achetiez aujourd’hui ou dans cinq ans. Le produit doit avoir la bonne maturité, présenter les compositions chimiques et structurelles envisagées et être libre de tout insecte indésirable ou agent pathogène.
Il est assez facile de trouver des supports de coco, mais les supports de coco de qualité sont plus difficiles à dénicher. Tentez de trouver un support de coco n’ayant subi aucune stérilisation (surtout à la vapeur), un produit qui a été protégé dès le moment où la noix est tombée du cocotier. Trouvez un support de coco qui possède une structure et des propriétés chimiques stables parce qu’il a été traité convenablement. Veillez à ce que le support n’ait aucun insecte indésirable ou agent pathogène, mais sans avoir eu à les détruire pour y parvenir. Surtout, assurez-vous que le produit est constant, l’art de jardiner ne devrait pas être un jeu de hasard.