Il nous faut maintenant comprendre et accepter quelques éléments clés et règles pratiques.
1. Pour commencer
Tout d’abord, les systèmes racinaires des plantes herbacées ont besoin de près de 100 % d’humidité, et ce, en tout temps, sinon l’extrémité radiculaire dépérit. L’extrémité radiculaire se forme tout au bout des racines et se divise en trois zones. Sa longueur est variable et dépend de plusieurs facteurs, tels que la variété de la plante, la température, la quantité d’eau, etc. Cette extrémité radiculaire est responsable de l’absorption de la grande majorité des minéraux et de l’eau. Les poils radiculaires facilitent cette absorption ; on les retrouve dans la dernière zone, soit la troisième. Après la troisième zone, le tissu racinaire commence à se lignifier et devient plus imperméable à l’eau et aux nutriments. Si vous tuez l’extrémité racinaire, la racine devra se régénérer avant de continuer à croître.
2. Au niveau de la zone de la racine
Les racines croissent en réponse à des zones appauvries ou à des endroits, où la racine a absorbé tous les minéraux et toute l’eau. Lorsque ces matériaux ne sont pas remplacés, la racine croît afin d’en trouver davantage. Les racines doivent croître. Lorsque les nutriments et l’eau sont abondants, le système racinaire ne se développe pas en équilibre avec les pousses et la plante se trouve en manque d’hydrates de carbone, ce qui l’affaiblit. Veillez à ce que le substrat s’assèche et que les plantes utilisent tous les éléments minéraux présents. Cependant, si vos plantes sont trop sèches, elles risquent de souffrir de déshydratation chronique. L’extrémité racinaire dépérira, ce qui limitera le développement futur de la plante (Figure 1).
3. Arrosage en continu
L’arrosage excessif survient lorsque l’on garde les racines submergées dans l’eau, sans leur permettre d’obtenir de l’oxygène. C'est davantage une question de temps et de drainage qu’une question de volume. À l’exception éventuelle de la culture en eau profonde, qui est belle à voir, mais plutôt inutile pour tous, hormis les horticulteurs les plus expérimentés, ne laissez jamais les racines submergées pendant plus de 20 minutes. Et même dans ce cas, un certain dépérissement est susceptible d'être observé. Souvenez-vous que les racines ont besoin d’oxygène pour faire leur travail et que cet oxygène vient de la diffusion effectuée à la surface des racines.
Lorsque le substrat est bien drainé, on peut l’arroser pour une plus longue période, car l’excédent d’eau est évacué rapidement du substrat lorsque cesse l’arrosage. Les substrats mal drainés ne peuvent être arrosés aussi longtemps (mais l’arrosage doit être fait plus lentement pour que l’absorption soit efficace), car le temps nécessaire pour drainer l’excédent d’eau de la surface des racines sera plus long. Les substrats très mal drainés causent de graves problèmes, car l’arrosage doit se faire lentement pour favoriser l’absorption, mais on ne peut jamais les arroser convenablement, car le temps de drainage est trop long (Figure 2).
4. Détermination de la santé des racines
Voici une règle pratique et générale pour établir les besoins en irrigation de racines saines : pour un mètre carré de surface couverte de feuilles, utilisez quatre à six litres d’eau par jour. Pour de nouvelles plantes ou, si le mètre carré n’est pas totalement couvert de feuilles, utilisez environ trois litres par jour en moyenne. Cela est vrai, que vous ayez disposé deux plantes ou vingt dans ce mètre carré. Concevez votre système de façon à pouvoir fournir cette quantité d’eau lors de chaque arrosage et pendant aussi longtemps que vous voulez ne pas utiliser de mélange. Utilisez cette règle pour déterminer l'évolution des plantes. Si les plantes utilisent moins d’eau, les racines peuvent connaître des difficultés, l’humidité peut être trop élevée, la température trop basse, etc.
5. Cycle de l'eau
Lorsque vous établissez un cycle d’arrosage pour une culture de plus d’une plante, appuyez vos calculs sur la moyenne de toutes les plantes. Par exemple, sauf en aéroponie, la plupart des substrats devraient être arrosés lorsque la moitié du volume d’eau a été utilisée ou a disparu. Réglez des systèmes automatiques qui démarreront une fois la moitié de la culture prête. Pour ce faire, ne changez rien : ni le substrat, ni l’âge ni la taille des plantes, ni le temps d’exposition à la lumière, ni les courants d’air, etc. Par-dessus tout, il importe de conserver un développement homogène de la récolte.
6. Weighing
Si vous utilisez des substrats organiques ou inertes, arrosez lorsque la moitié de l’eau que vous avez versée la dernière fois a disparu. Dans certains cas, l’horticulteur peut peser le contenant lorsqu’il est sec et le peser à nouveau après avoir arrosé. La différence vous indique quelle quantité d’eau le contenant peut contenir. Arrosez lorsque la balance vous dit que la moitié de cette quantité a disparu. Après la plantation, cela demeure vrai pour les premiers stades. D’ici là, l’horticulteur devrait savoir quand arroser, pour autant qu’il garde à l'esprit que la plante gagne également en poids. (fig. 3)
7. Humidité
Dans les systèmes aéroponiques, vous devez être aptes à juger lorsque la surface des racines vient tout juste de perdre son humidité, sans laisser l’humidité de l’air tomber bien au-dessous de 100 %. Pour cela, il faut un contrôle constant, surtout lorsque les racines sont exposées à l’air libre.
8. Conservation des racines dans l'obscurité
Les racines aiment l’obscurité et tentent réellement de croître sans lumière. Gardez-les dans l’obscurité le plus possible, dans des systèmes aux parois de PVC ou dans une chambre aérifère.
9. Contrôle des quantités d'eau
Souvenez-vous que, dans un contenant avec du substrat et des trous de drainage, vous ne pouvez mettre trop d’eau, mais vous risquez d’arroser trop longuement. Par exemple, dans un contenant de 9 litres, on peut fournir 5 litres en cinq minutes ou 40 litres (si le substrat ne se lessive pas), mais, au terme de l’arrosage, la quantité d’eau restante sera identique. C’est ce qu’il faut retenir.
10. Évitez d'arroser la nuit
Vous devez ajuster les cycles d’arrosage de la période d’obscurité, car les plantes absorbent alors beaucoup moins d’eau. Le cycle d’obscurité est essentiel au développement végétal. Cela est vrai, même les jours nuageux, même durant les périodes d’humidité intense. Le substrat (mousse de tourbe, laine de roche, etc.) retient l’eau et n’a que rarement besoin d’être arrosé durant la nuit ; dans la mesure où l’horticulteur ajuste le cycle d’irrigation pour que l’arrosage se déroule durant la première ou la dernière demi-heure d’éclairage. En aéroponie ou sur billes d’argile, un arrosage sera bénéfique quelques fois pendant la nuit.