Les termes oïdium et mildiou désignent un groupe de champignons phytopathogènes qui provoquent des maladies chez les plantes et présentent des symptômes similaires. L’oïdium est aussi connu sous le nom de "blanc".
Ces sortes de champignons apparaissent à l’envers de la feuille (face dorsale). On reconnaît généralement ces champignons par l’apparition de taches blanchâtres, grises ou rosées sur les feuilles comme si l’on y avait saupoudré de la cendre. Au départ, ces taches ressemblent à un dépôt de sel laissé sur les feuilles suite à l’évaporation de l’eau, ou bien à des restants de poudre; elles peuvent donc passer inaperçues par le cultivateur. Par contre, à mesure que progresse la maladie, les feuilles peuvent être complètement couvertes par ce duvet blanc et la maladie peut se propager à d’autres parties de la plante, ce qui provoque des pertes de rendement et de qualité.
Reconnaissance & prévenir
Malgré la similarité des symptômes appartenant à ces champignons, certaines particularités vous permettront de reconnaître le champignon qui attaque vos plantes. Le meilleur traitement pour ces champignons demeure la prévention, car une fois bien installés et en développement, ils sont très difficiles à éradiquer, parfois même avec des fongicides chimiques. En sachant reconnaître le type de champignons auquel vous êtes confrontés, vous serez en mesure de sélectionner le meilleur traitement avec le moins d’effets secondaires et de déterminer le meilleur moment pour l’appliquer.
Si vous souhaitez utiliser des produits biologiques pour éliminer le champignon, sachez qu’ils ont un effet de très courte durée. Donc, à moins d’être très assidu, vous ne ferez que perdre votre temps et votre argent. De plus, un produit qui est efficace pour une sorte d’oïdium peut ne pas l’être pour un autre champignon aux allures semblables.
Pour un traitement efficace, vous devez connaître les conditions favorables au développement du champignon, les autres facteurs pouvant l’affecter, tels que les conditions météorologiques, et la façon dont ils l’affectent. Voilà l’importance de déterminer la sorte de champignons qui attaque vos cultures puisque les conditions optimales de chacun sont différentes. Par exemple, certains champignons ne peuvent pas germer sur des feuilles mouillées, tandis que d’autres ont besoin d’eau pour se propager sur la plante.
Le côté de la feuille sur lequel apparaissent les taches est l’une des différences symptomatiques vous permettant d’identifier le champignon. Les symptômes se manifestant sur le dessus de la feuille sont les plus courants. Selon McPartland et coll., les champignons qui en sont responsables chez les plants de tomates sont:
Sphaerotheca macularis
Il s’agit d’un oïdium qui attaque une grande variété d’hôtes, donc les chances qu’il y ait une source de contamination à proximité de votre zone de culture sont très élevées. Il cause de sérieux problèmes aux fraisiers et aux plantes de houblon.
Ce champignon passe l’hiver sous la forme d’asques (l’asque est une sorte de sac, fructification, constitué de spores nommées ascospores) ou de mycélium sur d’autres plantes sauvages ou cultivées (dans les parcs et les jardins, sur les vérandas et les terrasses, etc.). Des cultures intérieures ou en serre agissent aussi en tant que vecteur de contamination de la maladie. Ce mycélium, niché sur d’autres plantes, relâche des conidies (un type de spores). Ce sont ces conidies, généralement transportées par le vent, qui se déposent sur la surface des feuilles de vos plantes. Si les conditions sont bonnes, elles commencent à germer et à se développer et forment ainsi de nouvelles conidies. C’est un cercle vicieux qui entraîne la propagation du champignon sur toute la plante.
Plus la concentration de conidies dans l’air est élevée, plus grands sont les risques que vos plantes souffrent d’une attaque sérieuse par ce champignon. Donc, toutes les mesures préventives prises doivent viser à créer des conditions et à appliquer des traitements qui préviendront une invasion de conidies sur vos plantes.
Ce champignon se forme en surface (il ne pénètre pas dans les couches internes de la feuille). Une autre manière de l’identifier consiste à frotter la surface de la feuille avec les doigts : la poudre laissera une marque sur les doigts. Ceci pourrait vous laisser croire, à tort, que l’élimination est facile avec des fongicides. Cependant, si vous avez recourt à des produits biologiques à faible effet systémique, les parties qui n’auront pas été atteintes par le fongicide (ou les endroits où le produit n’aura pas pénétré suffisamment) présenteront encore de petites traces du champignon qui pourra se redévelopper rapidement si les conditions sont favorables. C’est pour cette raison qu’il est important de faire le traitement jusqu’au bout même si vous ne voyez plus aucune trace d’oïdium.
Les facteurs environnementaux
Selon les études consultées, les facteurs environnementaux impliqués dans l’établissement et le développement du champignon sur les divers hôtes sont les suivants:
1. Température moyenne quotidienne:
Les températures dépassant les 15 °C favorisent le développement du champignon et la propagation de conidies. En général, la production de conidies est réduite lorsque la température descend sous les 15 à 20 °C ou dépasse 26 °C. Selon des études menées sur des houblons, une exposition d’environ deux heures à une température supérieure à 32 °C permet de réduire l’incidence de la maladie.
2. Humidité relative:
Le taux optimal pour la germination des conidies se situe entre 75 % et 98 % d’humidité. À un taux d’humidité relativement bas, le champignon réagit en relâchant un plus grand nombre de spores. Des fluctuations d’humidité soudaines favorisent aussi ces dispersions. Plus l’humidité ambiante chute, et plus elle chute rapidement, plus le nombre de spores relâchées dans l’air est élevé. Même si l’humidité ambiante est faible, la transpiration de la plante peut rendre la surface des feuilles plutôt mouillée, ce qui facilite la germination des conidies.
Dans de telles situations, un thermomètre et un hygromètre numériques indiquant les maximums et les minimums sont indispensables puisqu’ils pourront vous donner une idée précise du moment où surviennent ces conditions de haut risque.
3. Pluie:
La pluie emporte toutes les spores flottant dans l’air, donc les probabilités d’infections durant les journées pluvieuses sont plutôt faibles. Une couche d’eau sur les feuilles peut également empêcher la germination des spores ainsi que le développement et la propagation des conidies.
La conidie ayant besoin de lumière pour mûrir, les spores se répandent durant la journée dans les environs de 13 h à 15 h. Le moment le plus critique de la journée est généralement entre 17 h et 21 h. Des études menées sur des houblons démontrent que les spores qui germent durant cette période risquent de causer des dommages plus importants.
Pourriture rose
Il s’agit du champignon Trichothecium roseum. Les symptômes s’apparentent à ceux décrits ci-dessus, mais surviennent généralement sur la face ventrale de la feuille. À certains moments de son stade de développement, ce champignon prend une teinte rosée, c’est ce qui le distingue du S. macularis. Mais, à un autre stade de son développement, ce champignon adopte la même couleur blanche ou grise que le S. macularis, ce qui peut porter à confusion. Selon McPartland et coll., contrairement au S. macularis qui se limite généralement aux feuilles, la pourriture rose peut aussi coloniser les tiges.
Contrairement à l’autre champignon, celui-ci peut se développer sur des matières mortes, et donc, une source de contamination de ce champignon est constamment présente à proximité. Par conséquent, le champignon commence à se développer sur les plantes à l’aide des restes collants d’insectes tels que les mouches blanches, les pucerons, les limnorias, etc., ou sur des restes de poussière ou de pollen qui se seraient déposés sur les feuilles. Lorsqu’il s’est développé et qu’il a pris de la force grâce à ces restes, le champignon peut alors commencer à infecter les tissus vivants.
Il n’y a pratiquement aucun ouvrage de référence qui traite des dommages causés par ce champignon ou qui aborde sa biologie en tant qu’agent pathogène.
Leveillula taurica
Deux aspects différencient cet oïdium des autres. D’une part, alors que le Sphaerotheca macularis et le Trichothecium roseum ne pénètrent qu’en surface, le L. taurica, lui, colonise des zones plus profondes. Par conséquent, contrairement aux autres oïdiums, lorsque l’on glisse son doigt sur les feuilles, la « poudre » typique ne disparaît pas entièrement et laisse une trace sur la feuille. D’autre part, les conidiophores (parties du mycélium dans lesquelles se trouvent les conidies – les spores de reproduction) des champignons S. macularis et T. roseum poussent en surface dans les mycéliums produits, tandis que les conidiophores du L. taurica apparaissent dans les stomates de la plante qui, elles, se trouvent sur la face inférieure des feuilles.
Les symptômes varient de façon considérable selon l’espèce attaquée. Sous un microscope, on parvient à différencier le L. taurica du S. macularis grâce à la morphologie des conidies et des conidiophores et également grâce à l’apparition de conidiophores au travers des stomates. Il ne faut pas oublier que les stomates se trouvent surtout sur la face inférieure, on peut donc remarquer un feutre blanchâtre tout autour de la feuille. Il existe peu d’informations sur les facteurs influençant cette espèce chez les plantes de houblon. Bien que ce champignon phytopathogène attaque environ 700 espèces différentes, les études principales ont été réalisées sur des plantes de houblon.
Selon ces études, les conidies germent à des températures variant entre 10 °C et 35 °C (50 °F et 95 °F), la température optimale étant de 20 °C (68 °F). Des chaleurs extrêmes (6 heures à 40 °C (104 °F)) réduisent de façon considérable la viabilité des spores (donc, dans les régions très chaudes, les risques d’infection sont plus faibles durant l’été). Nous avons déjà mentionné que les champignons ont besoin de subir des variations climatiques pour achever leur cycle complet de développement; les mêmes conditions s’appliquent dans le cas présent. Bien que la température idéale de germination soit de 20 °C (68 °F), aucune nouvelle spore ne se forme chez les plantes infectées si la température est plus élevée. Cependant, la température optimale pour la croissance du mycélium se situe entre 15 °C et 25 °C (59 °F et 77 °F).
En ce qui a trait à l’humidité relative, les conditions les plus favorables à la germination se situent entre 85 % et 95 % durant la journée avec des nuits aussi très humides. Des taux d’humidité élevés favorisent la germination, mais il entrave également le développement du mycélium. Évidemment, la meilleure façon d’éviter l’infection des plantes consiste à appliquer un traitement préventif lorsque la température oscille entre 10 °C et 35 °C (50 °F et 95 °F) et que l’humidité relative demeure élevée jour et nuit (par exemple, lors de longues périodes de pluie ou lors d’averses constantes durant le jour, etc.).
Si vos plantes intérieures ont déjà subi une infection (que les symptômes soient visibles ou non), il est important de maintenir la température et l’humidité à un niveau constant sans variations soudaines. En maintenant une température aussi élevée que possible (sans empêcher le développement de la plante), vous serez en mesure de prévenir la formation de nouvelles spores et de gêner la croissance de mycéliums, donc de ralentir ou d’arrêter la propagation de la maladie. Il est aussi recommandé d’administrer un traitement fongique naturel de façon régulière. Ce dernier prévient la formation de nouvelles spores qui propageraient la maladie en rendant leur environnement moins viable. Du même coup, en entravant la croissance du champignon, le fongicide naturel peut agir plus efficacement.
Toxicité de l'oïdium
Pour ce qui est de la toxicité intrinsèque des champignons de type oïdium qui s’attaquent au houblon, le L. taurica et le S. macularis ne produisent pas de toxines considérées comme dangereuses pour la santé humaine. Cependant, il ne faut pas oublier le faux blanc ou pourriture rose, qui est difficile à distinguer de l’oïdium, même pour les horticulteurs chevronnés.
Des études scientifiques ont été menées afin de tenter d’établir les caractéristiques qui permettraient de bien différencier les deux types de champignons sur les houblons. La pourriture rose, Trichothecium roseum, produit une certaine quantité de mycotoxines très toxiques pour les mammifères. Des études réalisées en 1969 ont démontré que des extraits de ce champignon en différentes concentrations parvenaient à tuer des souris, des lapins et même un cochonnet âgé de 19 jours, en plus d’entraîner d’autres blessures.
Vu le danger de ce champignon, il vaut mieux prendre toutes les mesures préventives afin d’éviter la formation de cet oïdium chez vos plantes au lieu de risquer de consommer des plantes contaminées.