NOUVELLE ÉCLAIR
Les acteurs clés dans l’industrie du cannabis canadienne ont de la difficulté à s’entendre sur une mission commune… pour ceux qui ont déjà pris le temps de réfléchir à la mission de l’industrie.
Ce manque de vision est frustrant pour les maîtres cultivateurs visionnaires, qui voient de plus grandes possibilités pour leur entreprise et l’industrie.
« La plupart des producteurs autorisés n’ont pas établi un énoncé de mission clair. »
C’est un des points de vue principaux ayant ressorti de nos discussions avec les dix maîtres cultivateurs lors de notre deuxième expérience CANNAtalk à Vancouver, le 9 janvier 2020.
Notre panel d’experts a relevé trois raisons expliquant pourquoi les énoncés de mission des producteurs autorisés sont aussi vagues que les cultivars traditionnels sont rares :
- Les missions conflictuelles parmi les parties prenantes clés;
- Un marché du cannabis qui doit se fondre aux réalités du marché des biens de consommation;
- Les maîtres cultivateurs se trouvent à un stade précoce de leur carrière au sein d’une industrie du cannabis légal;
Explorons en détail les trois raisons qui pourraient expliquer l’absence d’une mission chez les producteurs autorisés au Canada.
1. Missions conflictuelles parmi les parties prenantes clés
Bien que les maîtres cultivateurs soient essentiels à la réussite des producteurs autorisés au Canada, ils ne sont pas les seules parties prenantes concernées. Chaque partie prenante prône différentes missions, qui sont parfois conflictuelles.
Voici leurs quatre différentes missions (à ce jour) :
Tandis que les PDG des producteurs autorisés veillent à la satisfaction des actionnaires et à la conformité de l’entreprise, les maîtres cultivateurs s’intéressent principalement à produire des plantes de qualité et à répondre aux besoins des consommateurs. Santé Canada de son côté régit la production au moyen de procédures de conformité et de normalisation, tandis que le gouvernement se préoccupe principalement de collecter les taxes qui découlent de la vente du cannabis.
L’industrie est donc dépourvue d’une mission commune. Nous avons là quatre missions, et les maîtres cultivateurs subissent des pressions pour s’écarter de ce qu’ils croient être la bonne approche.
2. Un marché du cannabis qui doit se fondre aux réalités du marché des biens de consommation
We are in the early days of the legal cannabis market in Canada. Right now, in 2020 it’s a very immature market. Consumers are persuaded only by high THC content, which is really disappointing because there is much more to cannabis than that. So, for now, the head grower’ job is often limited to making sure they produce as much volume as possible of cannabis with high THC content.
« En tant que cultivateur, on veut faire de notre mieux, concrétiser notre passion en créant un produit. Mais c’est le marché qui dicte la réussite d’un produit. Donc si je trouve une variété avec 16 % de THC, aux goûts délicieux, à l’apparence magnifique– Bobby Bains, maître cultivateur à Delta 9 Bio Tech
Malheureusement, certaines entreprises définissent leur énoncé de mission en fonction des ventes et des profits. Mais pouvons-nous les blâmer? Le financement est ce qui motive en grande partie les entreprises au sein de l’industrie du cannabis. Si vous ne répondez pas à la demande du marché, vous ne vendez pas de produits. Si vous ne vendez pas de produits, vous ne faites pas de profit. Et si vous ne faites pas de profit, comment pouvez-vous vivre?
Espérons que le marché gagnera en maturité et que les gens comprendront que le cannabis a bien plus à offrir que simplement le THC et qu’ils apprendront à apprécier les terpènes, les extraits, les arômes, les saveurs, et bien plus. Au fur et à mesure que les consommateurs acquièrent plus de connaissances sur le cannabis, ils commenceront à choisir leurs produits en fonction de l’expérience globale, et non seulement en fonction du prix et de la puissance des effets psychoactifs du THC.
Nous pouvons nous attendre à ce qu’un jour le cannabis ne soit plus seulement vu comme un simple bien de consommation courant et devienne un produit plus raffiné, dont le choix sera axé sur la qualité et l’expérience qu’il procure. Il peut certes s’avérer difficile de stimuler une adhésion de marque dans un contexte où la publicité sur les produits de cannabis est interdite, mais ce n’est pas impossible. Les consommateurs ont déjà accès à une foule de recommandations en ligne par l’entremise des médias sociaux, des critiques en cannabis et des sites comme leafy.com. Les consommateurs essaient de trouver les variétés et les marques qu’ils préfèrent. Cette réalité redonnera plus d’influence aux maîtres cultivateurs.
3. Les maîtres cultivateurs se trouvent à un stade précoce de leur carrière au sein d’une industrie du cannabis légal
Les maîtres cultivateurs se trouvent dans une position unique. Bon nombre d’entre eux ont acquis et aiguisé leurs compétences en culture du cannabis au temps du marché illégal. Aujourd’hui, ils sont mis en valeur.
Leur influence au sein de leur entreprise s’élargit au fur et à mesure que leurs équipes grandissent et que la production prend de l’ampleur. Ils ne font pas qu’apprendre les méthodes de gestion d’entreprise, ils les façonnent également. Les maîtres cultivateurs introduisent dans le monde stérile des affaires et des finances une perspective nouvelle, axée sur la communauté. Ils gagnent la confiance nécessaire pour pouvoir changer la perspective des PDG sur le cannabis pour éviter une course au profit hâtif qui considère le cannabis comme une simple marchandise, mais aussi pour exercer une influence auprès de Santé Canada.
« Étant donné la nature taboue du cannabis et le fait que le Canada a été le premier pays du G7 à le légaliser, je crois que les autorités réglementaires se fondent trop sur un modèle pharmaceutique et non sur un modèle agroalimentaire. Cette approche faiWilliam Fournier, maître cultivateur chez Verdelite (Emerald Health Therapeutics Inc).
Les maîtres cultivateurs peuvent apprendre à présenter de manière plus ferme leurs interprétations de la Loi sur le cannabis et travailler étroitement avec Santé Canada en vue d’atteindre l’objectif commun qui consiste à offrir des produits sécuritaires, en soulignant la viabilité de leurs propres procédures d’opération normalisées de haute qualité.
Les maîtres cultivateurs visionnaires pensent à plus long terme que les autres parties prenantes lorsqu’il s’agit d’établir une mission. Ils soutiennent qu’une vaste gamme d’expériences cohérentes et de qualité supérieure permettra d’élargir le marché et de mieux servir les consommateurs. Cela aidera les producteurs autorisés à acquérir une plus grande part du marché du cannabis et, par conséquent, à réduire celle du marché noir; ce qui a son tour se traduira par la création de valeur ajoutée, une augmentation des revenus découlant des taxes ainsi que des expériences améliorées et des résultats optimisés sur le plan de la santé pour tous les consommateurs canadiens.
Comment la taille des entreprises de cannabis autorisées influence votre mission
Alors, que devrait être votre mission? Voici trois suggestions, en fonction de la taille de votre producteur autorisée :
- Les producteurs de grande taille, qui possèdent de 1 à 2 millions de pieds carrés de surface de production, devraient prioriser le volume annuel, puisqu’ils sont en mesure de réaliser des économies d’échelle.
- Les microcultivateurs limités à 2 152 pieds carrés de culture ne pourront jamais faire concurrence aux grandes pointures, et à leur un million de pieds carrés, sur le plan de la capacité, du prix par gramme et de la commercialisation. Alors, pourquoi gaspiller vos efforts à essayer? C’est une bataille que vous ne pourrez pas gagner. Mettez plutôt l’accent sur la qualité.
- L’établissement d’un énoncé de mission peut s’avérer un peu plus complexe pour les entreprises qui possèdent 100 000 pieds carrés et qui tombent entre les deux autres catégories. Ils doivent miser à la fois sur l’aspect commercial, mais aussi sur la qualité; car ils ont la possibilité de concurrencer la qualité des microcultivateurs et le processus de commercialisation des grandes sociétés de cannabis.
La mission n’était qu’un des sujets intéressants que nous avons abordés dans le cadre de notre deuxième expérience CANNAtalk.
Profitez d’autres points de vue, connaissances et idées intéressantes de notre communauté de maîtres cultivateurs lors de notre troisième expérience CANNAtalk, THE PASSIONATE GROWER’S HUB, un espace exclusif destiné aux cultivateurs passionnés qui favorise les connexions, le partage et la collaboration et explore différents sujets d’intérêt. Ne ratez pas l’occasion de participer à cette expérience virtuelle unique, intéressante et stimulante le 27 mai et le 4 juin.