À CANNA nous nous nourrissons des histoires des horticulteurs passionnés; nous adorons les écouter, en faire partie et les mettre en valeur dans le cadre de l’expérience CANNATalk.
LE PARCOURS
Alex, parlez-nous un peu de vous.
Alex: Actuellement, je suis maître cultivateur chez Origine Nature. J’ai aussi travaillé à titre de maître cultivateur pour un autre producteur autorisé axé sur le cannabis médical dans les Maritimes, Tidal Health Solutions. Jason Cleghorn, un horticulteur local renommé avec le même genre de compétences que moi, occupe actuellement mon ancien poste. Je suis revenu dans ma province natale, le Québec, pour devenir maître cultivateur chez Origine Nature (une nouvelle étape dans mon parcours, et sans doute le défi le plus intéressant de ma carrière jusqu’à présent). J’enseigne aussi la culture du cannabis à l’Institut Superieur de Cannabiculture en France et j’aspire à mieux faire connaître l’industrie et à diffuser des connaissances utiles sur le cannabis.
Racontez-nous comment vous êtes devenu un horticulteur passionné.
Alex: Tout a commencé lorsque des amis de la Hollande m’ont enseigné les ficelles de la culture du cannabis il y a quelques années de ça.
Quand je suis revenu au Canada, j’ai terminé mon DEP en électricité et j’ai commencé à travailler dans le domaine de la construction. Pendant ce temps, j’ai été en contact avec de nombreux travailleurs de la construction qui étaient blessés ou surmenés et qui recherchaient de meilleures options pour soulager leur douleur. C’est là que j’ai réalisé que je pourrais mettre en pratique les connaissances que j’avais acquises dans les coffee shops en Hollande.
J’ai alors soumis une demande en vertu du RACFM, j’ai continué à apprendre sur le terrain et j’ai commencé à enseigner aux personnes souffrant de douleurs aiguës ou chroniques à faire pousser leur propre médicament.
« Bon nombre de personnes pensent que les maîtres cultivateurs sont le chanteur dans un groupe de rock, mais son équipe est tout aussi importante que lui. Le travail du maître cultivateur est de gérer une équipe et d’agir à titre d’intermédiaire entre les horticulteurs et la direction. Oui, il donne des directives et doit posséder les connaissances requises, mais les vraies vedettes sont les horticulteurs. »
Comment votre passion pour la culture a-t-elle évolué au cours des deux dernières années?
Alex: Depuis la légalisation, l’apparition des producteurs autorisés et le début de ma carrière à titre de maître cultivateur, le cannabis est passé pour moi d’une passion à quelque chose qui définit entièrement ma vie, qui me définit moi… c’est mon monde.
UNE PASSION
POUR LA CULTURE
Quel est votre élément favori du processus de culture?
Alex: Certainement le stade de floraison. Le fait de voir votre plante s’élancer dans les deux premières semaines, puis de se garnir d’une multitude de fleurs par la suite est extrêmement satisfaisant.
Quelle serait la partie la moins intéressante du processus selon vous?
Alex: Le nettoyage et l’assainissement. Je sais, ça doit être fait, et j’ai un immense respect pour les personnes qui font ce travail, c’est un aspect primordial du processus, mais ce n’est vraiment pas ma tasse de thé.
Quelles caractéristiques recherchez-vous le plus lorsque vous vous procurez des nutriments destinés à la croissance et pourquoi?
Alex: Je vise à adopter des manières biologiques de cultiver mes plantes, sans qu’elles soient nécessairement certifiées biologiques.
Il y a 17 nutriments de base. Tous les engrais liquides sont différents et procurent des concentrations différentes de chaque nutriment. Vous devez trouver les concentrations qui conviennent le mieux à vos plantes.
Il est extrêmement important de choisir des engrais propres, sans précipitation, sans moisissures et sans grumeaux. Le liquide doit demeurer complètement homogène pendant toute sa durée de vie utile.
Je trouve qu’on paie souvent pour le marketing des compagnies de nos jours; de nombreuses entreprises ne font qu’ajouter du sucre à leurs produits et les vendent plus cher que leur vraie valeur. Je me procure des engrais de qualité, qui répondent à toutes les exigences en matière d’assurance de la qualité et de traçabilité. Il est important que les chefs de culture gardent à l’esprit que chaque sou économisé compte lorsque vous dirigez la production d’un important producteur autorisé.
« Les engrais et les substrats influencent largement le goût et la qualité globale du produit. Si vous n’utilisez pas le bon substrat, vous devez y ajouter la vie microbienne adéquate pour obtenir les terpènes voulus. »
Quels ont été vos plus grands défis en tant que maître cultivateur?
Alex: Traiter avec les investisseurs et la haute direction. Le cannabis est une plante, et non une bien de commodité. Il n’est pas non plus produit facilement en masse comme les tomates et les fleurs. Cette idée provoque beaucoup de tension.
De nombreux consultants sont issus de l’industrie agricole, mais pas nécessairement de l’industrie du cannabis, ce qui complique parfois les choses. Par exemple, le stade de floraison de la plante de cannabis dure de huit à dix semaines, mais certaines personnes forcent les horticulteurs à récolter après huit semaines, peu importe les circonstances.
Quelle serait LA chose que vous aimeriez dire à tous les consommateurs à propos du processus de culture?
Alex: La raison pour laquelle de nombreuses fleurs en magasin ne goûtent ou ne sentent pas bon, c’est à cause du processus d’irradiation et de l’incapacité des producteurs à obtenir un produit propre et exempt de pathogène avant l’irradiation.
Lorsque nous relâchons un lot, il doit subir une analyse microbienne. Si les résultats de l’analyse ne sont pas satisfaisants, le lot doit être irradié pour assurer la sécurité des consommateurs. On estime que 95 % du cannabis de l’industrie serait irradié. Lorsqu’une quantité élevée de bactéries est présente dans la fleur de cannabis et que cette dernière est irradiée, une présence physique résiduelle de pathogènes demeure dans le cannabis, même si ces pathogènes sont morts. Lorsqu’une fleur qui contient beaucoup de bactéries est irradiée, le processus détruit le produit et réduit habituellement la concentration de terpènes sous les 1 %. Si une fleur qui renferme peu de bactéries est irradiée, il n’y a aucune conséquence négative. L’état et la qualité de la fleur avant l’irradiation détermineront l’impact que cette étape aura sur le produit.
Dans les années à venir, pour quel aspect aimeriez-vous être reconnu au sein de la communauté de la culture du cannabis?
Alex: Avoir mis la côte est sur la carte, là où elle se doit d’être. Nous produisions auparavant le meilleur cannabis. La côte ouest a peut-être la chance de bénéficier d’un meilleur climat, mais les meilleurs producteurs autorisés sont ici, sur la côte est.
Y a-t-il une personne que vous admirez particulièrement dans l’industrie du cannabis? Qui, et pour quelles raisons?
Alex: Karine Desjardins de C-Medical, au Québec. Elle est une mentore pour moi depuis déjà quelque temps. Sa vision est écologique, elle est passionnée, elle a la communauté à cœur et elle s’investit beaucoup pour mettre en œuvre des projets durables. Sur le plan technique, elle est tout à fait exceptionnelle. Elle peut simplement observer une plante et tout vous dire à son sujet.
Il y a aussi les frères Clément de MTL Cannabis qui ont été d’excellents enseignants pour moi depuis que je les connais. Richard, Michel et Denis sont selon moi les meilleurs horticulteurs au pays, et peut-être même du continent. Leur niveau de compréhension de la plante de cannabis et des façons de maximiser la récolte et la qualité du produit se rapproche du miracle. J’ai tellement appris d’eux et je les considérerai toujours non seulement comme la référence dans l’industrie, mais aussi comme des pionniers qui ont rendu possible une production à haut volume de cannabis haut de gamme, selon un plan de croissance qui s’est concrétisé exactement comme il l’était sur papier.
Quelles questions un consommateur devrait-il poser à un cannabiste lorsqu’il achète des produits de cannabis afin de s’assurer qu’il se procure un produit sécuritaire et de qualité?
Alex:
- Posez des questions concernant l’éthique de l’entreprise et la constance dans la qualité. Les bons produits parlent d’eux-mêmes et seront reconnus pour leur qualité constante. Si un pitch de vente est nécessaire, ça veut probablement dire que ce n’est pas un bon produit.
Quel mythe aimeriez-vous dissiper à propos du cannabis?
Alex: Le cannabis est de plus en plus puissant; il doit être génétiquement modifié.
Le processus de culture a évolué alors le produit peut être plus puissant, mais le cannabis n’a pas été modifié chimiquement…
« Il est extrêmement important d’éduquer les consommateurs et les horticulteurs sur les aspects qui permettent d’obtenir un cannabis propre, sur ce qu’il faut pour rendre la culture du cannabis viable pour l’avenir, tant sur le plan médical qu’écologique. »
Quel conseil aimeriez-vous donner à quelqu’un qui commence à cultiver à la maison?
Alex: Soyez prêt à payer plus.
L’équipement et les produits à bas prix produiront du mauvais cannabis. Faites bien les choses; n’essayez pas de réinventer la roue. Assurez-vous que votre culture est sécuritaire et que vous avez des détecteurs d’incendie. Et surtout, amusez-vous! N’hésitez pas à essayer de nouvelles techniques et de nouveaux environnements afin de voir par vous-même les effets sur vos plantes. Aucune école ne peut vous enseigner ce que vous apprendrez par l’expérience.
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