À CANNA nous nous nourrissons des histoires des horticulteurs passionnés partout au Canada qui font échos à notre communauté et qui nous inspirent à voir grand.
LE PARCOURS
Meurig, parlez-nous un peu de vous.
Meurig: Je suis un arboriculteur certifié ISA avec qualification TRAQ, et je suis superviseur de la floraison à Zenabis Global inc.
Les arboriculteurs sont des spécialistes formés dans les soins, les réactions et la biomécanique des plantes ligneuses. De façon générale, nous examinons une plante à la fois, comme nous le ferions avec les humains, et intégrons par la suite dans notre analyse d’autres facteurs environnants, allant des autres plantes aux éléments naturels, en passant par les structures fabriquées par l’homme. Notre approche diffère de celles des forestiers qui s’occupent habituellement des forêts en tant que ressource, principalement dans des régions rurales. Cette vision unique de la plante donne, selon moi, un avantage aux arboriculteurs. Bien qu’il soit nécessaire d’apprendre certaines notions théoriques de base en classe, il s’agit principalement d’une formation pratique sur le terrain, que seules les personnes réellement passionnées poursuivront. Grâce à mon expérience dans ce domaine, j’ai acquis un immense bagage de connaissances qui me procure un véritable avantage dans cette nouvelle industrie du cannabis légal.
À Zenabis, je suis responsable au quotidien de 36 salles de floraison et d’une équipe de onze employés. En gros, je planifie la repopulation, la récolte, la taille et le nettoyage des salles, j’aide à la lutte antiparasitaire et je veille à ce qu’on fournisse aux consommateurs des produits propres et de qualité.
J’adore aussi prendre soin de mes propres plantes à la maison. En ce moment, je cultive les variétés Nevil’s Haze, God Bud, Siberian Ruderalis et Turkish Hash. Je cultive le Nevil’s Haze et le God Bud pour leurs graines, tandis que mes plantes de Siberian Ruderalis et de Turkish Hash me servent à expérimenter. Je m’amuse à manipuler le réseau racinaire en modulant les conditions de croissance. J’aime beaucoup cuisiner et je suis fasciné par la propagation et la culture des tissus. Je fais aussi pousser d’autres plantes. En ce moment, j’ai 28 plants de poivrons, 7 fines herbes différentes, 6 variétés de tomates, 3 différentes sortes de fougères, 3 plantes-araignées, 2 yuccas, 2 plants de bambou, des champignons (pleurotes et shiitakes), 1 petit palmier et une chaîne de cœurs. Et ça ne s’arrêtera pas là! Je passe environ huit heures par semaine à m’occuper de mes plantes. Je prends mon temps, car j’aime vraiment ça.
« Cette vision unique de la plante donne, selon moi, un avantage aux arboriculteurs. Bien qu’il soit nécessaire d’apprendre certaines notions théoriques de base en classe, il s’agit principalement d’une formation pratique sur le terrain, que seules les personnes réellement passionnées poursuivront. Grâce à mon expérience dans ce domaine, j’ai acquis un immense bagage de connaissances qui me procure un véritable avantage dans cette nouvelle industrie du cannabis légal. »
Racontez-nous comment vous êtes devenu un horticulteur passionné.
Meurig: Ma mère a le pouce vert. Notre maison était remplie de toutes sortes de plantes. Elle en parlait souvent comme si elles étaient humaines, dans un certain sens. Plus jeune, je n’aimais pas particulièrement le jardinage, mais mon frère et moi étions constamment en présence de végétaux. Lorsque nous avons quitté la maison, elle a commencé à nous apporter des boutures de plantes et nous expliquait comment en prendre soin. Elle nous en confie encore aujourd’hui d’ailleurs, des boutures et des plantes desquelles nous prenons soin et qui nous rappellent la maison. Elle nous a certainement donné la piqûre du jardinage intérieur.
C’est lorsque j’ai commencé à travailler avec les arbres et à suivre des cours en arboriculture que j’ai découvert une véritable passion pour les arbres, et toutes les plantes ligneuses en fait. J’ai alors occupé un poste d’apprenti pendant trois ans en Colombie-Britannique avant d’obtenir mon certificat. Je suis donc déménagé sur l’île de Vancouver pour travailler à Broken Coast Cannabis; le maître cultivateur était aussi un arboriculteur.
Je suis tombé en amour avec la culture du cannabis!
« Le cannabis est une plante ligneuse semi-dure, alors je me suis dit que j’étais un semi-expert en la matière [rire]… Il pousse beaucoup plus rapidement qu’un arbre, mais réagit de façon semblable. Je fais donc souvent appel à mes connaissances en arboriculture. C’est une plante si facile à entretenir, qui répond bien à de nombreuses manipulations, ouvrant ainsi sur un univers de possibilités infinies dans le domaine de la recherche et de l’expérimentation. »
Comment votre passion pour la culture a-t-elle évolué au cours des deux dernières années?
Meurig: Je dirais qu’elle a explosé. Certes la légalisation n’est pas parfaite et a son lot de lacunes évidentes, mais les principaux avantages sont de pouvoir tenir des conversations ouvertes sur le sujet et faire la promotion de différents équipements, de produits de croissance, de différentes techniques, etc.
Lorsque j’assiste à une conférence ou à un salon, j’ai l’occasion de tenir une foule de conversations pertinentes, tellement que j’en suis épuisé après. J’ai aussi eu l’occasion de diriger des équipes de personnes passionnées, de leur transmettre ce que j’ai appris au fil des années et d’entendre des opinions qui sortent du cadre des techniques habituelles ou d’en apprendre plus sur ce qui fonctionne bien pour les autres.
« Je dirais que ma passion pour la culture du cannabis a explosé au cours des deux dernières années! Certes la légalisation n’est pas parfaite et a son lot de lacunes évidentes, mais les principaux avantages sont de pouvoir tenir des conversations ouvertes sur le sujet et faire la promotion de différents équipements, de produits de croissance, de différentes techniques, etc. »
UNE PASSION POUR
LA CULTURE
Quel est votre élément favori du processus de culture?
Meurig: Modifier la forme de la plante mère et essayer différentes techniques de propagation afin de constamment tenter d’améliorer mes taux de réussite selon différentes approches.
J’aime aussi orienter la croissance des plantes dans la bonne direction en leur fournissant les engrais adéquats et en utilisant la recette parfaite pour telle ou telle variété.
Quelle serait la partie la moins intéressante du processus selon vous?
Meurig: Je crois que la partie la plus difficile dans la culture du cannabis est la composante humaine. La plupart des jardiniers choisissent de travailler avec les plantes pour avoir une pause des gens, mais dans cette nouvelle industrie du cannabis légal, plusieurs services d’une même entreprise doivent travailler en équipe pour veiller à la commercialisation d’un produit de qualité.
Quelles caractéristiques recherchez-vous le plus lorsque vous vous procurez des engrais destinés à la croissance et pourquoi?
Meurig: Pour la production personnelle, je préfère une culture la plus naturelle possible, en mettant davantage l’accent sur les conditions idéales pour assurer le développement du sol et en utilisant des engrais biologiques.
D’un point de vue professionnel, dans un système hydroponique, je m’assure de valider que le produit est propre, s’il nécessite une agitation, s’il se dissout ou se mélange facilement, s’ils génèrent des produits dérivés (et leurs répercussions sur les plantes, le substrat et le système d’irrigation), et le temps que ça prend pour que des particules commencent à se former en présence d’une faible chaleur et en état de stagnation.
« Ma mère a toujours dit “ne lésine jamais sur le confort de ton lit, la qualité de tes chaussures et l’équipement qui t’aide à gagner ta vie”. Tout le monde dit que son produit est de qualité supérieure, alors il revient au consommateur de déterminer ce qu’est la qualité supérieure, et cela passe par une recherche approfondie sur les produits. »
Quelle différence constatez-vous lorsque vous cultivez au moyen de produits propres et de haute qualité, par rapport aux produits de rechange?
Meurig: Je crois qu’il revient au consommateur de déterminer ce qu’est la qualité supérieure, et cela passe par une recherche approfondie sur les produits. Les salons et les conférences sont de bons endroits pour rencontrer des spécialistes dans leur domaine et leur poser des questions à propos de leurs produits. Quand j’ai commencé dans la production de cannabis légal, j’ai eu la chance de rencontrer Vincent Gagné de Biofloral Il est une excellente ressource lorsqu’il est question de discuter non seulement des produits qui me sont peu familiers, mais également de produits dont je n’avais jamais entendu parler. Il est beaucoup plus facile de mettre l’accent sur la qualité lorsque votre fournisseur y accorde aussi une grande importance.
Quels ont été certains de vos plus grands défis?
Meurig: Je dirais que mon plus grand défi est cette « semi »-légalisation. Bien que le cannabis ait été « légalisé », il est régi par un nombre étonnant de réglementations et de lois qui continuent de faire en sorte que le cannabis est redouté plutôt que respecté en tant que plante médicinale.
Comme pour tout médicament, il est possible d’en abuser, mais j’ai l’impression que cet héritage nous a été légué de l’époque du film « Reefer Madness », qui a probablement influencé certaines de ces réglementations.
Quelle serait LA chose que vous aimeriez dire à tous les consommateurs à propos du processus de culture?
Meurig: J’aimerais qu’ils sachent qu’il y a une foule de gens véritablement dédiés à leur fournir des produits propres et de qualité. C’est notre façon de réellement partager notre passion avec vous. Je crois sincèrement que beaucoup de personnes seraient surprises de l’engagement au sein de la plupart des installations de cannabis légal envers la production de bons produits pour nos consommateurs, mais également pour les patients qui le consomment à des fins médicales.
Dans les années à venir, pour quel aspect aimeriez-vous être reconnu au sein de la communauté de la culture du cannabis?
Meurig: Être reconnu tout court serait une belle réussite en soi. J’aimerais être reconnu comme un cultivateur honnête qui suit un parcours de vie en quête constante de connaissances sur les plantes ligneuses, particulièrement le cannabis. Qui cultive des plantes en santé dans un but distinct de repousser les frontières et de fournir aux consommateurs des produits finaux propres et de qualité supérieure, qu’il s’agisse de fleurs séchées ou de haschich.
Y a-t-il une personne que vous admirez particulièrement dans l’industrie du cannabis? Qui, et pour quelles raisons?
Meurig: J’ai toujours apprécié les gens authentiques et humbles qui n’ont pas peur de dire qu’ils ne connaissent pas beaucoup ou pas du tout un sujet.
La personne qui me vient en tête immédiatement est Frenchy Cannoli. J’ai une vision très semblable à la sienne du cannabis, de la production du cannabis, de la production du haschich; et je trouve ses cotes de qualité très pertinentes. J’ai eu l’occasion d’assister à l’atelier qu’il a donné dans le cadre du congrès Grow-Up à Niagara en septembre. J’y ai fait de belles rencontres et j’ai appris tellement de choses. J’ai pris environ 60 pages de notes et j’ai tenté de mémoriser ses propos du mieux possible.
Kevin Jodrey est aussi un autre professionnel que je peux écouter parler pendant des heures; j’apprends beaucoup de lui. J’ai aussi eu l’occasion de le rencontrer et d’assister à la conférence qu’il a donnée lors de ce même congrès.
Selon vous, quelles sont les questions qu’un consommateur devrait poser?
Meurig: Posez des questions à propos du producteur et voyez ce que les autres en pensent. Bien sûr, il faut prendre les opinions des gens avec un grain de sel, mais si treize personnes affirment que le produit a créé un effet de paranoïa chez eux… il y a de fortes probabilités que ça se produise pour vous aussi.
Demandez depuis combien de temps le produit est sur les tablettes. Faites des recherches avant de discuter avec un cannabiste afin de bien comprendre la terminologie.
Demandez-lui quels sont ses meilleurs vendeurs, et pourquoi.
N’ayez pas peur de poser des questions « niaiseuses »; elles mènent habituellement à des informations précieuses.
Quel mythe aimeriez-vous dissiper à propos du cannabis?
Meurig: Tout ce qui nous vient de l’époque de « Reefer Madness » devrait être revisité et passer au peigne fin, ainsi que tous les commentaires et toutes les déclarations ridicules qu’on entend à gauche et à droite.
- Un des mythes que j’aimerais aborder est l’idée préconçue que le marché légal utilise trop de pesticides. En tant qu’expert dans la lutte antiparasitaire, je peux vous assurer que Santé Canada a seulement approuvé les pesticides les plus sécuritaires pour la production de cannabis. En fait, ils sont très faibles et certains problèmes nécessiteront plus qu’une simple application chimique pour être résolus. Les producteurs qui se sont fait prendre à utiliser des pesticides non approuvés ne devraient pas représenter le marché légal, car ce marché légal est justement créé pour suivre des lois et des réglementations. Lorsque vous voyez des photos de gens qui épandent les pesticides vêtus d’équipement de protection individuelle « excessif », c’est simplement que nous suivons les exigences de la loi. Par exemple, même si le savon insecticide se trouve du côté faible du spectre des pesticides et que vous pouvez vous le procurer dans tous les magasins grande surface, les techniciens doivent quand même porter l’équipement de protection individuelle nécessaire afin de s’assurer qu’aucun pesticide n’entre en contact avec leur corps. Informez-vous toujours auprès de votre fournisseur de cannabis, que ce soit sur le marché légal ou le marché noir, de son usage des pesticides.
Recommandations de Meurig
D’abord, informez-vous auprès de personnes et de ressources qui expliquent POURQUOI il faut faire telle ou telle chose, et pas nécessairement COMMENT le faire. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les plantes, alors tournez-vous vers des ressources sur les plantes. Les livres sur la biologie, la chimie, l’horticulture, l’arboriculture, et autres, peuvent aider à mieux expliquer le mystère des plantes. Tenez un journal détaillé afin de pouvoir consigner vos apprentissages. Les plants de poivrons sont parfaits pour expérimenter, car ils nécessitent généralement la même attention et les mêmes ressources, mais sont un peu plus capricieux. Voici certains auteurs que je suis ou avec qui j’ai eu la chance d’avoir d’agréables conversations :
- Peter Wohlleben,
- Ed Rosenthal,
- Frenchy Cannoli,
- Jorge Cervantes,
- Dr. Ed Gilman,
- Dr. Alex Shigo,
- Kevin Jodrey,
- Robert Clarke.
Il existe de nombreux balados, blogues et vlogues très intéressants, mais ceux que je suis particulièrement sont centrés autour de conversations réelles sur la culture du cannabis, plutôt que de simplement la médiatiser. Futur Cannabis Project en est un que j’aime bien. En tant qu’herboriste amateur, je lis beaucoup de guides portant sur la culture des plantes médicinales et sur leur récolte. J’encourage les gens à lire aussi à propos de divers sujets connexes au cannabis, mais qui ne le mentionnent pas nécessairement, par exemple des ouvrages sur les microbes dans le sol et le développement des sols, des formations sur les jeunes plantes ligneuses, des guides sur la culture de légumes, de fruits et du tabac.