À CANNA nous nous nourrissons des histoires des horticulteurs passionnés partout au Canada qui font échos à notre communauté et qui nous inspire à voir grand.
LE PARCOURS
Tanner, parlez-nous un peu de vous.
Tanner: Je suis cofondateur et PDG de Stewart Farms, un producteur de cannabis autorisé spécialisé en horticulture verticale et en aquaponie qui est axé sur le développement durable et l’avancement technologique dans le domaine du cannabis et des génétiques de cannabis.
Je crois fermement en la production de produits de cannabis de qualité qui élimine les flux de déchets. En combinant la pisciculture et la culture du cannabis, en plus de mettre l’accent sur les génétiques, notre but est de créer des profils de saveurs véritablement incroyables, avec des terpènes tellement riches que vous pouvez goûter les bleuets dans le Blueberry Kush.
Racontez-nous comment vous êtes devenu un horticulteur passionné.
Tanner: J’ai grandi avec ma mère et mes grands-parents à Miramichi, au Nouveau-Brunswick. On peut dire que j’ai grandi dans le bois. Mes arrière-grands-parents vivaient juste en face de chez nous. Ils avaient le plus grand et le plus magnifique des jardins! Mes grands-parents avaient aussi un grand jardin, mais pas autant que celui de mes arrière-grands-parents. Enfant, j’adorais débarrasser le jardin des « bibittes à patates », manger des carottes fraîchement cueillies et aider ma famille à préparer des légumes marinés, jusqu’à ce que je vieillisse, bien sûr, et que ça devienne une corvée pour moi.
Ma mère adore les animaux, elle m’a beaucoup influencé et sensibilisé face aux enjeux environnementaux. Elle faisait toujours passer la nature en premier… « Ne tue pas l’araignée! » Ça fait partie de moi. Tellement, qu’au primaire, j’ai fondé le club Earth Savers [rire]. Nous avions des t-shirts et nous organisions des corvées de déchets, menions des enquêtes sur la qualité de l’eau dans les ruisseaux à proximité et encouragions la communauté à réduire, réutiliser et recycler.
Après le secondaire, j’ai travaillé comme planteur d’arbres au Nouveau-Brunswick durant deux saisons et demie. J’avais ensuite besoin d’un emploi plus stable, alors j’ai déménagé en Alberta, où j’ai travaillé dans l’industrie de la construction. C’est ce qui m’a introduit au monde des affaires. J’ai découvert une passion pour la création d’une entreprise. J’ai commencé à aimer décrocher des contrats, engager des gens, etc.
J’aimais l’entreprise, mais je ne me suis jamais levé un matin en me disant « j’ai tellement hâte d’aller construire cette échelle aujourd’hui » [rire].
Il y a six ans et demi, après huit ans et demi dans ma carrière en construction, et au moment où mon premier fils était sur le point de naître, j’ai vendu mon entreprise. J’avais de la liquidité pour la première fois de ma vie d’adulte.
À cette période, on m’a présenté à quelques entreprises technologiques en démarrage dans le secteur agricole, dont une qui était spécialisée en aquaponie. C’est à ce moment que j’ai rencontré Rob Herring et Ryan Wirick qui réalisaient un documentaire sur les sols vivants. Je n’ai jamais cessé d’apprendre sur le développement durable, alors j’ai tout de suite compris la pertinence de l’aquaponie, le mariage entre l’aquaculture terrestre et l’horticulture. J’étais vendu. C’est là que j’ai compris que ma vocation était dans l’agriculture durable et les écosystèmes vivants.
Tout s’est comme mis en place, particulièrement lorsque j’ai commencé à me demander : « Qu’est-ce que je peux faire qui pourrait à la fois inspirer mes enfants à réaliser de belles choses et contribuer à améliorer le monde lorsque je n’y serai plus? »
Donc j’ai investi dans les technologies aquaponiques, je suis devenu réalisateur du documentaire de Rob et Ryan The Need to Grow et j’ai réellement concentré mes efforts en vue de contribuer à l’avancement de l’agriculture durable.
J’étais vendu. J’ai compris que ma vocation était dans l’agriculture durable et les écosystèmes vivants.
Tout s’est comme mis en place, particulièrement lorsque j’ai commencé à me demander : « Qu’est-ce que je peux faire qui pourrait à la fois inspirer mes enfants à réaliser de belles choses et contribuer à améliorer le monde lorsque je n’y serai plus? »
Comment votre passion pour la culture a-t-elle évolué au cours des deux dernières années?
Tanner: En janvier 2018, je faisais pousser uniquement des laitues et des légumes feuillus, pendant que la légalisation du cannabis se déployait en arrière-plan.
C’est là que j’ai constaté une véritable lacune dans l’industrie en matière de développement durable. De nombreux dirigeants s’immisçaient dans le marché, axés simplement sur le volume et l’argent, au lieu de construire une véritable entreprise qui a de l’importance. Je me suis dit : « Je consomme du cannabis depuis 18 ans, mais je mange de la laitue depuis seulement cinq ans… » En janvier 2018, j’ai donc décidé de tirer parti de mon expérience technologique acquise à ce jour et de mettre toute mon attention sur Stewart Farms, qui adopte un modèle fondé sur l’agriculture verticale et l’aquaponie. Il n’y a rien de plus logique que de perfectionner notre technologie avec la culture la plus précieuse au monde.
S’il est possible de cultiver des légumes feuillus avec des profils de saveurs aussi incroyables, imaginez ce qu’on peut faire avec le cannabis.
Ce n’était pas aussi concret avec les légumes. Je croyais déjà que j’étais en amour avec la plante de cannabis avant même de commencer dans le domaine; mais aujourd’hui, particulièrement après la dernière année où mon expérience dans la culture du cannabis est passée de « aucune » à « prendre soin de 300 plantes par moi-même » durant le premier mois d’existence de notre serre, mon appréciation pour cette plante extraordinaire a quadruplé.
Je suis réellement tombé amoureux.
En ce moment, nous sommes à la chasse aux phénotypes et nous bâtissons un incroyable répertoire de génétiques. Il est fascinant d’observer à quel point les feuilles, l’espacement et leurs réactions diffèrent lorsque les plantes sont mises en pot ou rempotées… c’est presque comme élever des enfants… sauf que vous pouvez avoir un favori [rire].
De producteur de légumes feuillus à cofondateur, cultivateur et PDG, comment votre parcours vous a-t-il transformé?
Tanner: J’ai une immense appréciation pour les plantes et les cultivateurs qui favorisent leur épanouissement. J’ai enfin pu mettre à profit mes six années de connaissances en horticulture acquises durant la phase de croissance initiale de nos plantes. Ce n’est pas du tout la même chose d’avoir quelqu’un qui vient évaluer vos cultures et vous dit ce qui ne va pas par rapport à avoir à le découvrir par vous-même… Ça prend beaucoup d’expérience pour être en mesure de facilement déceler ce qui cloche chez une plante. J’ai beaucoup d’admiration pour les horticulteurs comme Kevin Jodrey, membre de notre conseil d’administration et mentor réputé dans l’industrie.
Je suis étonné de la résilience spectaculaire de ces plantes, particulièrement quand c’est un débutant comme moi qui en prend soin…
4/20/20 est la journée où j’ai reçu mes plantes et les ai rentrées à l’intérieur, après deux ans d’attente. Maintenant, je suis dans le processus de me retirer des opérations, car je me suis entouré de personnes bien plus compétentes que moi pour prendre les rênes.
Je vais continuer de faire pousser du cannabis à des fins médicales; j’espère que je pourrai aiguiser mes compétences au cours des cinq prochaines années.
Le fait de me lever chaque matin et de pouvoir discuter longuement du pouvoir des sols vivants, des eaux remplies de poissons et des microbes… j’ai l’impression de faire un retour au primaire. Observer les vers qui grouillent dans la terre, être sans cesse étonné… J’ai retrouvé ma curiosité et mon émerveillement juvéniles.
UNE PASSION POUR
LA CULTURE
Quel est votre élément favori du processus de culture?
Tanner: Certainement la sélection de génétiques que nous cultiverons. C’est de la pure anticipation; regarder ces graines et leur demander « seras-tu la bonne? »
Quelle serait la partie la moins intéressante du processus selon vous?
Tanner: Personnellement, je me plais moins à diagnostiquer les problèmes chez les plantes. On ne peut jamais être certains, particulièrement quand vous avez peu d’expérience. Je vais déléguer ceci à mon équipe à l’avenir.
Quelles caractéristiques recherchez-vous le plus lorsque vous vous procurez des nutriments destinés à la croissance et pourquoi?
Tanner: Dans notre modèle, les poissons fournissent environ 70 % des nutriments nécessaires. Les principales questions que nous nous posons sont les suivantes :
- L’engrais est-il approuvé par Santé Canada?
- Est-il homologué biologique?
- Est-il produit de façon durable? Si c’est le cas, c’est un bonus!
« J’ai une immense appréciation pour les plantes et les cultivateurs qui favorisent leur épanouissement. »
Quels ont été vos plus grands défis en tant que fondateur d’une entreprise de cannabis (producteur autorisé)?
Tanner: Probablement toute la bureaucratie de Santé Canada. Les employés ont été super, mais après avoir soumis notre trousse des éléments de preuve, il a fallu attendre six mois avant de même pouvoir commencer à mener nos activités dans nos installations.
Ça ne sera pas facile de verser 1 $ par gramme de cannabis au gouvernement fédéral.
L’incertitude générale. Les audits. Ce que nous avons bien fait, ce que nous avons moins bien fait; il y a tellement de pression.
Enfin, les restrictions injustifiées au sein de l’industrie, particulièrement d’un point de vue marketing et promotionnel, surtout lorsqu’on voit à quel point le gouvernement est permissif lorsqu’il est question d’alcool (le destructeur des mondes)
Quelle serait LA chose que vous aimeriez dire à tous les consommateurs à propos du processus de culture?
Tanner: Nos consommateurs doivent savoir que, peu importe la forme du produit de cannabis, ils se procurent un produit propre, cultivé de la façon la plus durable possible à ce jour et à un prix raisonnable. La durabilité est un long cheminement.
Dans les années à venir, pour quel aspect aimeriez-vous être reconnu au sein de la communauté de la culture du cannabis?
Tanner: Que nous avons été pionniers dans la production de cannabis durable sans plastique.
Y a-t-il une personne que vous admirez particulièrement dans l’industrie du cannabis? Qui, et pour quelles raisons?
Tanner: Kevin Jodrey. Il a une telle passion pour le cannabis et il est aussi un carriériste. Il est reconnu pour sa persévérance au sein de la communauté du cannabis, parce qu’il fait bien les choses. Kevin a introduit des génétiques sur le marché qui ont littéralement créé des tendances marquées. Je veux que nous soyons à la hauteur de ses standards en tant qu’entreprise.
Quelles questions un consommateur devrait-il poser à un cannabiste lorsqu’il achète des produits de cannabis afin de s’assurer qu’il se procure un produit sécuritaire et de qualité?
Tanner: Il est vraiment important que les consommateurs commencent à s’intéresser aux saveurs. Un des aspects que j’ai hâte de voir changer dans l’industrie est la fameuse mentalité entourant le pourcentage de THC, parce qu’en fait, ce sont les terpènes qui changent réellement la donne.
Je veux un Blueberry Kush qui goûte le bleuet… Si vous n’avez jamais essayé de cannabis qui goûte les fruits, essayez-en dès maintenant. Vous devez vivre cette expérience.
Il y a deux ans, j’ai essayé une variété à la lime; ça goûtait comme si quelqu’un venait de presser le jus d’une lime dans ma bouche. Aujourd’hui, la saveur m’importe peu, mais je veux que ça goûte réellement ladite saveur. Si la variété s’appelle Strawberry Twist et que vous ne goûtez pas de tonalités sous-jacentes de fraise, ça veut dire qu’il existe une meilleure version de Strawberry Twist quelque part.
Quels sont les avantages d’acheter des produits qui sont cultivés en aquaponie?
Tanner: Une plante de cannabis qui pousse dans un écosystème vivant propose un profil de saveurs que peu d’horticulteurs hydroponiques arrivent à atteindre. Un système vivant aide à créer un profil de terpènes solide, créé par les microbes au sein de la plante…
« Il y a deux ans, j’ai essayé une variété à la lime; ça goûtait comme si quelqu’un venait de presser le jus d’une lime dans ma bouche. Aujourd’hui, la saveur m’importe peu, mais je veux que ça goûte réellement ladite saveur. Si la variété s’appelle Strawberry Twist et que vous ne goûtez de tonalités sous-jacentes de fraise, ça veut dire qu’il existe une meilleure version de Strawberry Twist quelque part. »
Quel conseil aimeriez-vous donner à quelqu’un qui commence à cultiver à la maison?
Tanner:
Pour un petit horticulteur aquaponique qui souhaite commencer à la maison, je suggère ceci :
- Préconisez idéalement de la nourriture pour poisson plus végétarienne que carnivore. Le tilapia, par exemple, préfère une nourriture composée à 60 % de végétaux et 40 % de protéines.
- Portez une attention à la teneur en sel de la nourriture pour poisson.
- Vous avez besoin d’un réservoir assez grand qui contient suffisamment de poissons pour obtenir la quantité appropriée de nutriments nécessaires pour vos plantes de cannabis.
- Lorsque les plantes seront en fleurs, elles auront besoin d’un apport suffisant en phosphore. Votre système aquaponique ne vous fournira pas la totalité des nutriments requis. Procurez-vous un engrais biologique pour supplémenter le travail des poissons.
Recommandations d’Tanner
Consultez différents forums et lisez à propos des expériences des autres :
- “The Need to GROW” (documentaire)
- Kevin Jodrey - Faites une recherche sur YouTube et laissez-vous épater!
- True Living Organics, 2e édition par The Rev